Huit colorants alimentaires nocifs pour la santé seront interdits dans les bonbons, céréales et boissons sucrées aux États-Unis
Le Canada devra vraisemblablement s’ajuster à la décision américaine, pensent des nutritionnistes, qui déplorent aussi la propagande politique

Héloïse Archambault
Bonbons, céréales, boissons sucrées: huit colorants nocifs pour la santé qu’on retrouve dans une panoplie d’aliments seront bannis l’an prochain aux États-Unis. Le Canada devrait emboîter le pas, croient des nutritionnistes, qui déplorent tout de même une «propagande politique».
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Le gouvernement américain a annoncé mardi un plan pour bannir huit colorants synthétiques à base de pétrole, d’ici la fin 2026. Ils se retrouvent dans toutes sortes d’aliments ou des médicaments et ils devront être remplacés par des colorants naturels. Sept des huit produits sont permis au pays (seul l'orange B est interdit), confirme Santé Canada.
Les Américains justifient cette décision en évoquant que les colorants causent certains cancers et exacerbent l’hyperactivité chez les enfants. « Ces composés empoisonnés n’offrent aucun bénéfice nutritionnel et posent de vrais dangers pour la santé et le développement de nos enfants», a souligné le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr.
Controversé pour ses opinions sur des sujets comme l'autisme et les vaccins, M. Kennedy mène un combat de longue date contre les additifs.
Le Canada devrait-il les bannir?
«On serait gagnants au bout de la ligne, c’est clair. Si on peut s’en passer, tant mieux», souligne Benoît Lamarche, directeur scientifique du Centre NUTRISS, à l’Université Laval. Santé Canada répond utiliser une approche fondée sur les risques.
«Si de nouvelles données scientifiques deviennent disponibles, Santé Canada les examinera et prendra des mesures si un produit est jugé dangereux», écrit-on par courriel. Une chose est sûre: la décision américaine aura des impacts ici. «Si des colorants sont interdits et qu’on exporte, il va falloir s’ajuster», souligne Jean-Claude Moubarac, professeur en nutrition à l’Université de Montréal.

À l’inverse, des produits américains importés seront exempts de ces additifs.
Sont-ils vraiment dangereux?
Bannir des colorants synthétiques est une bonne idée. Or, la décision américaine est purement politique et ne se base pas sur de nouvelles études, et les preuves actuelles sur les risques réels de développer un cancer sont peu concluantes. «C’est de la propagande, dit sans détour M. Moubarac. Je ne suis pas sûr que Kennedy va se baser sur la science et les données probantes. On ne peut pas se fier sur ce qu’il dit.» Dans ce cas-ci, les gens consomment de très faibles quantités de ces colorants, donc l'impact est difficile à prouver.
«On est sur de la glace mince, on est dans l’idéologie, croit aussi M. Lamarche. Mais, au nom de la santé publique, c’est logique.»

Les Américains seront-ils en meilleure santé?
Réponse simple: non, puisque les produits qui utilisent ces colorants sont mauvais pour la santé. «Si les Fruit Loops demeurent tels quels, on n’est pas très avancés. Le problème, c’est la qualité globale du produit, insiste M. Moubarac, ajoutant que ces produits ultratransformés ne sont pas nutritifs. «Il y a des problèmes nutritionnels beaucoup plus profonds que les additifs alimentaires. Au Québec, on a le même défi, alors que 36% des gens ne consomment pas cinq fruits et légumes par jour», souligne M. Lamarche.
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