Une nouvelle maison Stéphane Fallu pour accueillir les jeunes filles après la DPJ
Équipe Salut Bonjour
La première pelletée de terre est prévue pour le 7 avril, et si tout va bien, les filles pourront y emménager dès septembre.
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La Maison Stéphane Fallu de Chambly sera agrandie pour accueillir six jeunes femmes dans le Pavillon Sandra Bolduc, des services qui s’additionneront à ceux déjà offerts à autant d’hommes.
Les besoins pour les jeunes qui sont sur le point de quitter le giron de la DPJ sont criants. C’est vrai pour les garçons, mais c’est encore plus pour les filles.
Chambly accueille l’un des plus grands centres jeunesse de la province. Où vont les jeunes, quand ils atteignent l’âge de 18 ans et qu’ils doivent quitter leur foyer? Les chiffres sont alarmants: un jeune sur trois vivra au moins un épisode d’itinérance.
Depuis 2022, la Maison Stéphane Fallu héberge six jeunes hommes entre 17 ans et demi et 25 ans pour les aider à se lancer dans la vie. Bientôt, le Pavillon Sandra Bolduc verra le jour afin d’offrir la même chance aux jeunes femmes.
«Pas besoin de vous faire une image de ce qui attend les jeunes femmes dans la rue, le sort qui leur est réservé», a soufflé la directrice générale de Porte Ouverte Sur l’Avenir (POSA), Sandra Bolduc, en l’honneur de qui le pavillon sera nommé.
L’organisme chapeaute les services offerts à la Maison depuis ses débuts.
«Ça change tellement de vies, on n’a aucune idée. Ça se peut que, si je n’étais jamais venue ici, je serais morte...», a confié Kassie (nom d’emprunt), qui bénéficie de l’aide de l’organisme.
«Tu sens l’énergie positive dans ton cœur, tu sens que tu es bien, tu sais que tu es en sécurité, tu sais que personne ici ne va te juger», a-t-elle ajouté.
Un sentiment de sécurité
Kassie aura bientôt 17 ans. Vers l’âge de 7 ans, la DPJ est entrée dans sa vie de façon intermittente. L’adolescente vivait régulièrement des épisodes de chicanes avec sa mère.
«Ma mère ne veut rien savoir de moi. Mon père, moi, je ne veux rien savoir de lui. Mes frères et mes sœurs, ils s’en foutent pas mal», a-t-elle résumé.
Il y a un an, elle a fui sa mère et son Nouveau-Brunswick natal pour aller vivre chez sa tante, au Québec. Et elle pourrait maintenant être une des premières résidentes du nouveau pavillon.
«Là, ça va mieux. Pis ça se peut que j’aie une place où déménager où je vais me sentir vraiment en sécurité pour la première fois de ma vie. C’est vraiment de quoi d’incroyable!» a-t-elle dit.
Il y a des critères à respecter pour pouvoir être hébergé dans la maison: les jeunes doivent être âgés de minimalement 17 ans et demi, avoir reçu des services de la DPJ dans la dernière année et surtout avoir un projet de vie. Kassie, elle, rêve d’être chanteuse et veut étudier en cosmétologie.
«Un projet de vie, c’est: “Pourquoi tu viens chez nous?” Tu viens pas juste t’écraser sur le sofa pis attendre que la vie passe. C’est vraiment, tu veux terminer tes études, mettre des sous de côté, passer ton permis de conduire. Puis des fois, tu veux juste régler des problèmes personnels que tu peux avoir ou des problèmes familiaux», a affirmé Mme Bolduc.
«Ils vivent comme s’ils étaient en maison de chambres. C’est comme des colocs, mais il y a du soutien autour d’eux», a indiqué Mme Bolduc.
À la Maison Stéphane Fallu, les résidents et futures résidentes sont encadrés, mais les intervenants travaillent à développer leur autonomie, ce qui détonne un peu de leur expérience au centre jeunesse.
«Souvent, ils ont été habitués comme ça: lève-toi à telle heure, va manger, prendre ta douche. Ici, on les laisse se débrouiller, sans qu’ils soient complètement laissés à eux-mêmes comme dans un premier appartement», explique l’intervenant Christian Dionne.
Ils ont d’ailleurs accès à toute une gamme de services offerts par l’organisme POSA, comme des travailleurs sociaux et des sexologues.
Un jeune sur trois vit un épisode d’itinérance à sa sortie du centre jeunesse. Le but est donc de donner aux résidents de cette Maison un tremplin vers la vie adulte... et de leur montrer qu’il est possible de s’en sortir.
«Moi, j’ai connu les centres jeunesse. J’ai connu la rue, la criminalité, la prison. J’ai décidé de capitaliser là-dessus et donner un peu de mon expérience aux jeunes», a ajouté M. Dionne.
Un projet de 750 000$
Le projet d’agrandissement et de construction du Pavillon Sandra Bolduc est évalué à 750 000$. Une campagne de financement est d’ailleurs en cours pour aider à payer ces coûts. Déjà, 250 000$ ont été amassés.
Sensibles à la cause, des partenaires du milieu tenaient à s’impliquer.
«La compagnie est gérée par moi et ma conjointe, on a deux enfants de 8 et 10 ans et on cherchait une manière de s’impliquer dans la communauté. Et quoi de mieux que d’aider des jeunes?» explique le président et fondateur d’Architecture Baccanale, Quincy Baccanale, qui est à l’origine des plans du nouveau pavillon.
L’entrepreneur général Maxime Santerre, de Constructions Idéales, abonde dans le même sens.
«C’est pour pouvoir donner l’opportunité aux jeunes de faire le bon choix. Moi, quand j’étais jeune, j’avais une bonne famille, mais j’avais de la misère à me gérer. Je n’imagine pas [ces jeunes], qui sortent directement de la DPJ», a mentionné M. Santerre.
La première pelletée de terre est prévue pour le 7 avril, et si tout va bien, les filles pourront y emménager dès septembre.
Pour soutenir la Maison Stéphane Fallu : ANRO.CA