De l'écran à la réalité: comment se faire de nouveaux amis en 2025?

Amélie Hubert-Rouleau

2025-02-03T14:00:00Z

Malgré le retour au bureau depuis quelques années, plusieurs d’entre nous continuent pour différentes raisons de souffrir du sentiment d’isolement que la pandémie a mis en lumière. Une piste de solution pour contrer la solitude, tisser des liens véritables et élargir notre cercle social: cultiver les rencontres IRL (in real life: dans la vraie vie) grâce à de nouvelles applis ou à des clubs sociaux nouveau genre.

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Les effets de la pandémie

«Sans connexion, l’humain ne peut pas survivre. Je pourrais même dire qu’on est génétiquement programmé pour connecter», souligne d’abord Jocelyne Bounader, docteure en psychologie et psychologue clinicienne membre de l’Ordre des psychologues du Québec. La pandémie de COVID-19 nous a affectés à différents niveaux en nous empêchant de cultiver nos liens sociaux en personne, mais chez certains, elle a révélé des problématiques qui n’étaient peut-être pas aussi concrètes auparavant. «La pandémie a mis en relief tant l’aspect sécurisant des relations pour les personnes qui étaient entourées que l’aspect de souffrance pour celles qui étaient isolées. Ç’a été un peu comme une loupe, un miroir grossissant. On a pris conscience de certains éléments qu'on vivait au quotidien mais auxquels on ne pensait pas», explique Dre Bounader.

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Depuis le retour à la normale, certaines compagnies ont cru bon de maintenir le télétravail. Dans ce contexte, leurs employés qui vivent seuls ou loin de leur famille peuvent continuer de souffrir du sentiment de solitude même après la pandémie, puisqu’ils n’ont pas beaucoup d’occasions de socialiser dans leur milieu de travail.

Selon la Dre Janick Coutu, psychologue spécialisée dans la psychothérapie individuelle et fondatrice de la plateforme Dose de psy, le sentiment d’isolement peut en fait être encore plus souffrant depuis la fin de la pandémie, parce que certaines personnes ont l’impression d’être en décalage avec celles qui semblent avoir repris leur vie sociale d’avant. «Penser qu’on est seul à être seul, c’est encore pire», précise-t-elle. Mais elle nuance: «Il faut distinguer aussi la solitude choisie versus la solitude subie – c’est-à-dire les gens qui aimeraient être davantage en relation, avoir plus de contacts sociaux, mais qui, pour différentes raisons, n'y ont pas accès.»

Les réseaux sociaux: la solution?

Les réseaux sociaux peuvent nous donner l’illusion que tous les gens qu’on y suit ont beaucoup plus de contacts avec les autres que nous. «Ça mène encore plus à ce sentiment d'être tout seul à se sentir seul, parce qu’on n’a pas accès à toutes les publications de personnes qui sont seules, fait valoir la Dre Coutu. C’est la comparaison sociale qui est le plus souffrant. Et les relations qu’on bâtit sur les réseaux ne sont souvent pas aussi nourrissantes et enrichissantes que les relations qu’on bâtit en dehors.» La Dre Bounader abonde dans le même sens. Selon elle, si les réseaux sociaux nous donnent accès à des gens que l’on n’aurait pas nécessairement rencontrés autrement, il est primordial que les rencontres passent du virtuel au réel. «Les rapports virtuels ont l’avantage de nous permettre de proposer une activité et de regrouper des gens, alors que les contacts en personne ont l’avantage de nous amener à développer des liens. Ça prend les deux, indique Dre Bounader. Le contexte à lui seul ne peut pas nourrir la relation. Ce sont les rencontres en personne qui vont la nourrir.»

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Suer ensemble

Lorsqu’il a déménagé en Colombie-Britannique en 2016-2017 pour aller skier, William Pagé a eu envie de rencontrer en personne des gens de la région. «Je réfléchissais à une plateforme qui pourrait me permettre d'être en contact avec des locaux pour découvrir le resort de ski et la montagne.» C’est comme ça qu’est née l’appli Obby, disponible présentement sous forme de prototype sur l’App Store et bientôt sur Android. Contrairement aux réseaux sociaux traditionnels, Obby (obbyapp.com) est une plateforme qui met les gens en contact dans le but de bouger davantage, de pratiquer des activités sportives ensemble et, surtout, de créer des liens dans la vie réelle. «C’est vraiment important pour nous.» William raconte qu’il est conscient qu’il peut être difficile pour certains de sortir de leur zone de confort et de se joindre à un groupe de sportifs qui se connaissent déjà. «Ça peut être un défi sur le plan social de dépasser ses craintes et d’aller rencontrer de nouvelles personnes. Donc avoir des outils qui aident à concrétiser ces rencontres-là, ça ne peut qu’être bénéfique!»

Casser la croûte... et la solitude

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Là où Obby rassemble les gens autour du sport, l’application Timeleft (timeleft.com) le fait autour d’un repas au restaurant. Le concept: via l’appli, après avoir répondu à un test de personnalité, on réserve sa place ($) pour une soirée dans un restaurant la semaine suivante pendant laquelle on rencontrera de purs étrangers. Le mardi, on reçoit quelques infos sur les autres membres du groupe qu’on rencontrera le lendemain. Le mercredi, on reçoit l’adresse du restaurant. L’application est aujourd’hui présente dans plus de 275 villes et 61 pays à travers le monde. «Chez nous, les rencontres ne se font jamais en ligne. Nous veillons uniquement à maximiser les chances que le dîner se passe bien, précisait le fondateur de Timeleft Maxime Barbier à l’édition française du magazine Forbes en octobre dernier. Nous ne faisons que faciliter les rencontres entre inconnus et, mine de rien, le fait que les gens ne se connaissent pas appelle à l’ouverture d’esprit.» L’entrepreneur français estime que le fait d’apprendre à connaître des inconnus de cette manière nous ramène un peu à la spontanéité et à la sérendipité des moments vécus jadis à l’église le dimanche ou encore lors des matchs de sport. Pour le moment, Montréal est la seule ville québécoise où les services sont proposés, mais la compagnie projetterait d’étendre l’expérience aux villes de Québec et Laval.

De nouvelles communautés

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D’autres options existent pour briser la solitude et créer des liens significatifs avec de nouvelles personnes. Exit les Chevaliers de Colomb ou les Filles d’Isabelle: de nouveaux clubs sociaux ont vu le jour ces dernières années. C’est le cas du Together Club (thetogether.club), créé à Montréal en juillet 2022 par Kim Levan et Khoa Lê. Ce club social nouveau genre offre des activités récréatives dans un contexte détendu et un environnement dénué de la pression qu’on associe parfois aux réseaux sociaux ou de rencontres. «On est convaincu·e·s que toute connexion humaine, qu’elle soit amicale, romantique ou autre, commence par la volonté de découvrir l’autre dans un esprit d’ouverture et de bienveillance», affirme-t-on sur la page Instagram du club. On suit cette page et on s’inscrit à l’infolettre du club pour demeurer au courant des activités Slow Sunday, des «moments relax avec des inconnu.e.s», et des Slow Dating, destinées davantage à ceux qui souhaitent faire des rencontres romantiques (mais pas que).

On a la fibre créative? On joint l’utile à l’agréable en se joignant à la communauté artistique du Canvas Club lors de cours d’art décontractés. Le Canvas Club (canvasclub.ca) organise des séances de peinture appelées les soirées Paint & Sip dans plusieurs restaurants de la métropole. Ces soirées permettent, encore une fois, de sortir de notre zone de confort et de privilégier les nouvelles rencontres en personne aux connexions dans le monde virtuel.

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Qui se ressemble s’assemble?

Au bout du compte, peu importe la plateforme ou la méthode de rencontre qu’on choisit, l’essentiel est de le faire dans un contexte qui nous rejoint. «Ça peut simplement être de regarder comment on peut se créer de la place dans son agenda pour ajouter une activité qui met de l’avant un aspect de soi-même, suggère la Dre Coutu. En choisissant une activité qui leur ressemble, les personnes qui y participent auront déjà un point en commun. On peut penser que la création d’un lien sera plus facile.»

Quels avantages offrent ces nouvelles façons de rencontrer, par rapport au fait de rester dans le confort de son salon à faire défiler ses feeds de réseaux sociaux? «Quand on garde une relation en ligne, on n’a pas accès à la personne comme elle est vraiment. C’est un peu comme si on avait seulement accès à deux dimensions de la personne, alors qu’elle en a trois. On ne peut pas avoir accès à trois dimensions sur un écran plat, observe la Dre Bounader. Les rencontres en ligne ne nous donnent pas accès à la complexité d’une personne humaine.»

En ce début d’année 2025, on n’hésite donc pas à multiplier les occasions de briser la routine – et la solitude – et, qui sait, de créer de nouvelles amitiés. «Mais il faut aussi se questionner: est-ce que j’ai envie de créer de la place pour des amitiés dans ma vie et de les entretenir?», souligne la Dre Coutu. Il faut aussi courir le risque de se faire dire non lorsqu’on fait des propositions à des collègues de travail ou aux parents d’enfants avec qui jouent nos enfants, par exemple. «Mais si on ne prend pas ces risques-là, c’est certain qu’il n’y aura pas de nouvelles connexions qui vont se créer», conclut-elle. Qui ne risque rien n’a rien!

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