L’hormonothérapie : un outil encore sous-utilisé pour la santé des femmes
Mélia Goulet-Jacques
Pendant longtemps, la médecine s’est principalement intéressée au corps masculin, laissant les réalités biologiques féminines dans l’ombre. Ce n’est qu’en 1997 que le Canada a officiellement intégré les femmes dans les protocoles de recherche médicale.
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Avant ça, les études étaient menées sur des hommes, puis les résultats étaient généralisés au corps féminin. Une approche scientifiquement bancale, car la biochimie féminine est loin d’être une simple version « adaptée » de celle des hommes.
Une compréhension tardive mais essentielle de la préménopause et de la ménopause
Aujourd’hui encore, les connaissances sur la préménopause et la ménopause demeurent lacunaires, même dans le milieu médical. Il n’est pas rare que des symptômes clairs de déséquilibre hormonal soient traités à l’aide de stérilets, d’antidépresseurs ou de contraceptifs oraux – des solutions qui peuvent soulager certains effets, mais qui ne s’attaquent pas à la cause hormonale sous-jacente.
La préménopause peut débuter dès 36 ou 37 ans, bien avant l’âge souvent associé à la ménopause (50 ans). Elle s’étend généralement sur une période de 7 ans, au cours de laquelle les niveaux hormonaux commencent une « danse » complexe. La première à chuter est souvent la progestérone, hormone apaisante qui favorise le sommeil. Son déclin laisse place à une dominance œstrogénique, entraînant des symptômes tels que :
- Règles irrégulières et abondantes
- Irritabilité accrue
- Baisse de la qualité du sommeil
- Douleurs aux seins et maux de tête
Par la suite, l’œstrogène chute à son tour, provoquant une nouvelle vague de symptômes :
- Bouffées de chaleur
- Douleurs articulaires et musculaires
- Brouillard cognitif (« brain fog »)

La testostérone, cette grande oubliée
Souvent perçue comme une hormone masculine, la testostérone joue pourtant un rôle crucial dans le corps féminin. Bien que produite en moindre quantité (environ 10 % de celle des hommes), elle est essentielle à la libido, à la motivation, à l’énergie et à la confiance en soi. Elle soutient également les récepteurs de l’œstrogène et de la progestérone.
L’hormonothérapie permet de rééquilibrer ces hormones et d’atténuer les symptômes liés aux variations hormonales. Mais elle demande une approche individualisée : les dosages doivent être ajustés au fil du temps, en fonction des besoins et de l’évolution du corps.
Une vision à long terme
Faut-il prendre des hormones à vie? Pas nécessairement. Mais dans certains cas, l’hormonothérapie peut représenter un outil précieux à long terme pour maintenir la qualité de vie, prévenir certaines maladies liées au vieillissement hormonal (ostéoporose, troubles cognitifs, cardiovasculaires), et tout simplement permettre aux femmes de se sentir elles-mêmes.
En somme, reconnaître la complexité du corps féminin et lui offrir des traitements adaptés n’est pas un luxe, c’est un besoin fondamental. L’hormonothérapie, lorsqu’elle est bien encadrée, représente une clé importante pour répondre à ce besoin.